mardi 31 janvier 2012

lundi 30 janvier 2012

- Association des Professeurs de Mathématiques de l''Enseignement Public

 Association des Professeurs de Mathématiques de l''Enseignement Public (APMEP)
Article paru dans le Bulletin 500 de l'APMEP
Auteur : Marc Roux


Le titre de cet ouvrage pouvait faire craindre une attaque en règle contre les mathématiques et les mathématiciens ; il n’en est rien.
L’auteur, agrégé de mathématiques, enseignant à l’université de Lille, membre d’ATTAC et du SNESUP, prend pour cible l’obscurantisme scientiste, qu’il oppose à la démarche scientifique authentique, et qui, avec « l’inculture scientifique, […] ont débouché sur un détournement de l’usage des chiffres et des mathématiques en un outil de l’horreur néolibérale ».


Entre autres exemples, Marc Delepouve met en évidence l’inanité du classement de Shanghai pour les universités, ainsi que celle du rapport Charpin qui en 1998 prétendait démontrer l’inéluctabilité de l’augmentation de l’âge de la retraite : un calcul basé sur les hypothèses mêmes de ce rapport, et qui pourrait donner lieu à un exercice en seconde, montre que si « les charges de retraite triplent à l’horizon 2040 alors que le PIB et la masse salariale ne font que doubler  », la part du PIB non consacrée aux retraites augmentera tout de même de près de 90% ! De même il s’attaque à la théorie du «  facteur deux  », selon laquelle la solution au réchauffement climatique est la division par deux des émissions de gaz à effet de serre. Il pose le problème de la concurrence entre les organismes de recherche, source de gâchis là où la coopération apporterait économies et efficacité. Il utilise lui-même des données scientifiques chiffrées, aux sources toujours bien précisées, pour arriver à la conclusion que des moyens existent pour dépasser la triple crise financière, sociale et environnementale, mais pas sans mutation profonde de la société et des institutions.
Bien entendu, les options politiques de certains lecteurs les empêcheront d’adhérer à ces thèses. Même si on est globalement d’accord avec l’auteur, on pourra regretter qu’il n’évoque que trop brièvement ce que pourrait apporter une meilleure maîtrise des mathématiques aux citoyens comme à leurs élus ; qu’aux prévisions fantaisistes, il n’oppose pas le calcul de probabilités et d’intervalles de confiance ; que, parlant abondamment du PIB, il ne relève jamais l’absurdité de sa définition, dans laquelle le positif et le négatif s’additionnent sans vergogne (construction d’une usine polluante et dépenses de dépollution, par exemple).

Il n’en reste pas moins que cette dénonciation de l’usage détourné ou abusif des chiffres va dans le sens de la valorisation de notre discipline, et que ce discours, solidement construit et argumenté, est à lire et à méditer.

dimanche 29 janvier 2012

Institut d'études politiques de Bordeaux

Bibliothèque de l’Institut d'études politiques de Bordeaux

http://babordplus.univ-bordeaux.fr/notice.php?q=id:1280126 

Résumé : Ouvrage sur la place hypertrophiée accordée de nos jours aux chiffres, aux mathématiques et à leur instrumentalisation. La portée de l’envahissement de la pensée par les mathématiques et les chiffres, c’est une « stérilisation intellectuelle », en particulier des sciences économiques, politiques et sociétales.

 

Sujet : Influence (psychologie)  
Manipulation (psychologie)  
Statistique - Guides, manuels, etc.  
Crise économique (2007-2009)  
Désinformation  
Indicateurs économiques  
Médias et opinion publique 

jeudi 26 janvier 2012

Journal l’Humanité

Journal l’Humanité

Paru dans le quotidien du 22 Mai 2012 :

Les chiffres qui mentent

Pour Marc Delepouve, la crise a des racines multiples. Il en est une souvent ignorée que l’auteur explore : l’invasion du langage mathématique en économie, l’instrumentalisation et la manipulation des chiffres. La pensée néolibérale est mise en accusation.

Se procurer le livre

Une société intoxiquée par les chiffres
Propositions pour sortir de la crise globale

Vous trouvez l'ouvrage chez votre libraire, sinon vous pouvez le lui commander. Vous pouvez aussi vous le procurer en ligne, en particulier sur le site de l'Harmattan, sous forme papier ou électronique : Harmattan

Présentation : quatrième de couverture

Une société intoxiquée par les chiffres
Propositions pour sortir de la crise globale


La crise globale a des racines multiples. Certaines, malgré leur importance, restent peu étudiées et n’occupent qu’une place très secondaire dans le débat public. C’est le cas du langage des mathématiques qui envahit, sans grande résistance, de nombreux domaines où il ne repose sur aucune légitimité, ce qui détériore la capacité à penser le réel et affecte la nature des relations sociales. Cette dérive, doublée d’instrumentalisations et de manipulations des données chiffrées, est une des causes d’une certaine passivité des citoyens, de la défaillance du politique et in fine de la crise globale – environnementale, sociale, économique et financière. L’auteur invite le lecteur à explorer cette thèse. Il convoque pour se faire différents sujets, l’organisation du travail, les retraites, les services publics, la recherche ou encore le réchauffement climatique, avec une étude inédite des scénarios du Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution
du climat (GIEC).

Le système néolibéral porte une responsabilité première dans cette situation. Une crise du savoir et une forme inédite d’obscurantisme se développent. Leur analyse éclaire des mécanismes d’endormissement des consciences et de relégation de l’humain au second plan, derrière les chiffres, et au service des intérêts des plus riches.

Au fil du texte, une synthèse s’élabore et débouche sur l’esquisse d’un projet de sortie de crise et sur une stratégie pour construire une autre Europe.

Accès à certaines pages du texte

Une société intoxiquée par les chiffres
Propositions pour sortir de la crise globale

Cliquer sur le lien ci-dessous, puis sur Google aperçu.

Extraits du texte d’introduction

Une société intoxiquée par les chiffres
Propositions pour sortir de la crise globale


Extraits du texte d’introduction

« Aveuglé par la croyance selon laquelle le savoir exprimé dans le langage des mathématiques serait supérieur à tout autre savoir, l’individu se détourne de savoirs indispensables, ne les cultive plus, n’en tient plus compte et perd le sens du réel. Tragiquement perdu dans les méandres de sciences qui n’en sont pas, victime d’une forme inédite d’obscurantisme.»

« Contrer le principe oligarchique, qui traverse les siècles et a pu structurer les sociétés des deux côtés de l’ex-rideau de fer, doit être au cœur, voire le cœur, de tout projet politique humaniste et de toute démarche d’émancipation. (…), il importe de mettre en lumière la place, le pouvoir et le rôle de l’aristocratie capitaliste et de ses entreprises multinationales. N’ont-ils pas développé l’industrie de la culture et celle de la publicité ? N’ont-ils pas mis la main sur les principaux médias et, dans les pays où le néolibéralisme est le plus avancé, sur une large part de la recherche, voire de l’éducation ? D’où des savoirs dégradés, trop souvent non fiables, marchandisés et tendant à l’uniformisation, idéologiquement triés et laissant en friches des domaines de la connaissance. »

« Sous l’influence du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et sous l’emprise de la mathématisation du « non mathématisable », une partie des recherches portant sur le climat est déconnectée de la réalité, mais offre – pour le pire – les ingrédients d’un trompe-l’œil mondial utile à la protection du système économique et social en place. »

« …la vocation de cette pensée synthétique (celle proposée par le livre) est de dégager une vision, une interprétation du réel, qui ne serait pas de l’ordre du scientifique, mais redonnerait sens au politique, à la démocratie, et lèverait les obstacles à la sortie de crise, ré-ouvrirait la voie vers une multiplicité de possibles. »

« Tout au long des chapitres sont exposées et articulées des données et des analyses portant sur des sujets de société concrets tels que l’évaluation, les retraites, le changement climatique, la recherche, l’Union européenne. Pièce après pièce, se constitue un puzzle qui propose une interprétation du réel et dessine les bases d’un projet de transformation sociétale. »

« La seconde moitié du texte est largement consacrée à un projet et à une stratégie de transformation sociétale. Des propositions concrètes y sont apportées. Certaines visent à dépasser des obstacles suscitant des débats passionnés, notamment au sein du mouvement altermondialiste. »

« Finalement, dans un contexte de crise globale et de regain de la conscience critique, le refoulement du besoin de collectif pourrait être le ressort d’où surgira l’énergie qui portera une alternative au néolibéralisme, dernière des grandes idéologies simples et totalisantes issues des siècles passés. »

Table des matières

Une société intoxiquée par les chiffres
Propositions pour sortir de la crise globale

Introduction

Première partie
Société

Chapitre 1
Quantifier, déshumaniser, anesthésier
1 – Le mouvement l’Appel des appels
2- Une transformation néolibérale des universités
3 – Le classement de Shanghai
4 – L’épidémie est générale

Chapitre2
Le cas des retraites
1 - La fausse alarme du triplement
2 - La conclusion logique aurait dû rassurer, mais…
3 - Derrière les chiffres, un projet politique
4 - La société néolibérale
5 - Dumping social et rapports de force
6 - Des projections sans fondement
7 - Encore, toujours et partout
8 - La place des scientifiques
9 - Pour un éloge de l’imprévisible


Deuxième partie
Sciences

Chapitre 3
Le changement climatique
1 - Des données scientifiques incontournables
2 - Appel à une mobilisation générale
3 - Un facteur deux politiquement correct
4 - Origine du facteur deux et éclairage sur l’urgence climatique
5 - Diffusion du facteur deux

Chapitre 4
Refonder la recherche
1 - La truelle ne fait pas le maçon
2 - Mobiliser la recherche
3 - Une complexité qui ne peut être contournée
4 - Influence du GIEC sur la recherche
5 - Développer les coopérations : le choix de la démocratie
6 - Le paradoxe du système néolibéral
7 - Recherche et transition énergétique, éléments de bilan


Troisième partie
Politique

Chapitre 5
Union européenne, le projet détourné
1 - La stratégie Europe 2020
2 - Les traités européens
3 - L’Europe, fer de lance international du néolibéralisme
4 - La politique agricole
5 - L’alternative altermondialiste

Chapitre 6
Se libérer du joug néolibéral
1 - Un projet crédible de société
2 - Les échanges internationaux
3 - Pour l’Europe, rompre avec l’UE actuelle
4 - D'une renaissance…

Sigles

Annexes

L’auteur

Une société intoxiquée par les chiffres
Propositions pour sortir de la crise globale

Professeur agrégé en mathématiques, Marc Delepouve enseigne à l’université de Lille 1 depuis 1992.
Membre de la direction de l’association Attac de 1999 à 2009, au début des années 2000 il en était l’animateur de la campagne portant sur l’Organisation mondiale du commerce (OMC), puis le secrétaire général de 2006 à 2009. Il est actuellement responsable du secteur international du Syndicat national de l’enseignement supérieur, le SNESUP-FSU.

Présentation : vidéo sur youtube

Une société intoxiquée par les chiffres
Propositions pour sortir de la crise globale

Vidéo interview

Sur le site de Sauvons la recherche (SLR)

Une société intoxiquée par les chiffres. Propositions pour sortir de la crise globale. (L’Harmattan)

Publié sur le site de SLR le 2 février 2012

Est-ce un livre noir de l’université fondu dans un livre noir de la société néolibérale ? Est-ce un essai portant sur les alternatives ? Vous en saurez un peu plus en vous rendant sur le blog , ou encore sur le site de l’Harmattan

samedi 14 janvier 2012

Note de lecture de Bernard Teper

Préparer l’avenir exige aussi de lire de bons ouvrages

Lundi 2 avril 2012

Par Bernard Teper, ReSPUBLICA

http://www.gaucherepublicaine.org/respublica/preparer-lavenir-exige-aussi-de-lire-de-bons-ouvrages/4420

“Une société intoxiquée par les chiffres” de Marc Delepouve paru chez l’Harmattan dans la collection “Questions contemporaines” est à lire absolument. J’ai connu Marc Delepouve dans la nébuleuse altermondialiste (…). Je le découvre très convaincant dans ce livre quand il nous fait profiter de sa réflexion sur l’usage non contrôlé des mathématiques (il est agrégé de mathématiques et enseignant universitaire). Enfin un mathématicien qui nous engage à réfléchir sur l’usage d’une discipline qui peut donner le meilleur si elle est utilisée de façon scientifique mais peut servir également aux pires mensonges si on sombre dans l’obscurantisme.

Ses « propositions pour sortir de la crise globale » - moins convaincantes et qui demanderaient des développements plus étoffés - lui permettent d’avoir une réflexion critique sur cette instrumentalisation des mathématiques. Il scrute plusieurs sujets comme l’école (le classement de Shangaï par exemple), l’organisation du travail, les retraites, le service public et les scénari du Groupe d’experts intergouvernementaux sur l’évolution du climat (GIEC) pour montrer comment la rigueur scientifique y est malmenée, soit pour manipuler, soit par scientisme. Il me paraît impératif que tous les militants lisent ce livre pour aiguiser leur esprit critique face à l’instrumentalisation de la science mathématique dont le fondement reste la dimension axiomatique, trop souvent écartée de la réflexion.